Noël Chemin, un smark man "Crayonneur" écrivain

Noël Chemin, alias Noël Septembre, est un montreur. Pas un montreur d'ours, non. Un montreur de la vie de tous les jours ; sans complaisance, avec tendresse et pudeur, espièglerie et humour. 

 

C’est que Noël a le talent de regarder différemment : la banalité ne l’intéresse pas. Il aime la surprise, le cocasse, les rires, les femmes, le vin, la musique, l’extraordinaire dans l’ordinaire, la beauté des choses, des mots, des gens.

Les gens, on peut dire qu’il les connaît bien, pour les avoir soignés, endormis, réveillés, sauvés, lavés, secoués, écoutés, regardés, amusés, ragaillardis, divertis, honnis et aimés. 


Il a 19 ans lorsqu’il quitte le Calvados, où il vit entre « l’Andouille » de Vire et « les Cloches » de Villedieu, pour apprendre son métier d’infirmier dans la Marine. A l’époque, il écrit déjà, il fait « son petit Noël » et des bonnes blagues avec les copains. Il « bourlingue » de Hourtin à l’Hôpital militaire de Cherbourg et l’infirmerie centrale de la direction du port. Il quitte ensuite la Marine pour Maubeuge où, devenu infirmier anesthésiste à la Clinique du Parc, il dirige la salle de réanimation. Puis, il part voler de ses propres ailes. Premier homme «infirmière» libérale auprès des personnes en revalidation. On lui prédit que cela ne marchera pas… vous pensez, un homme dans un métier de femme ! Fallait pas lui dire ça !

 

Pendant 40 ans, Noël passe des maisons cossues aux petites maisons où, avant de prodiguer ses soins, il recharge la charbonnière et passe le café. Chaque jour, au-delà des corps, derrière une ride, une paupière lasse ou un joli sourire, il perçoit la complexité de l’âme humaine, ses richesses et ses faiblesses. Pour les faire progresser, il n’hésite pas à faire marcher ses patients, au sens propre comme au sens figuré, quitte à se faire gentiment insulter ; mais jamais il ne se permet, malgré leur dépendance physique, de les considérer comme sa propriété.

 

Ces rencontres lui inspirent des textes savoureux et poétiques, dignes d’un Bernard Dimey, d’un Raymond Devos ou d’un Pierre Perret. Il a hérité cet amour du beau verbe de sa mère. Avec ses amis musiciens, notre « garçon-laveur et libre panseur » sort la poésie de son recueil où elle s’ennuie et remplit pendant plusieurs années les cafés-théâtres de Maubeuge, Feignies et même de Belgique, avec le spectacle « Noël Septembre dans tous ses états ». Ce qui le fait vibrer alors, c’est ce moment où une voix, puis une autre, puis une autre s’élève du public jusqu’à ce que tous chantent en « cœur ». Il aime tant la musique et le partage qu’il amène des groupes de renommée internationale au centre culturel d’Elesmes.

 

Depuis quelques années, c’est une autre forme d’histoires qu’il nous conte à travers ses créations en bois enchevêtrés. Comme son père, sculpteur, Noël détourne les objets de leur usage premier pour les mettre en valeur et ajouter à l’utile l’agréable. Autodidacte, il crée des œuvres sans imposer sa propre vision – bien au contraire : chacun est libre de placer comme il l’entend sur leur socle les bois flottés ramassés au cours d’une promenade ou les branches coupées, habituellement destinées à la déchetterie suite à la taille ou à l’élagage d’automne. Il n’abat jamais un arbre car tout est là, à notre portée.

 

Tout comme il « montre » la beauté, les péripéties et les imperfections des êtres dans ses textes, il sublime celle de la nature et de l’univers à travers ses bijoux, lampadaires, lampes, stylos du Crayonneur, objets d’art ou de déco. C’est ce qui rend ses créations uniques, comiques, joyeuses, émouvantes. 

 

Frêne, Kerria, Forsythia, Sureau, Seringa... Il hume, il repère la forme, il taille, sèche et dimensionne, il extrude, ajuste, appointe au « Taille Crayon ». Ainsi, le «Crayonneur d’Elesmes» donne un nouvel élan de vie à ces morceaux de bois qui, sous sa main, deviennent stylos bille. Objet unique car fabriqué à l’unité, naturel car sans traitement chimique (vous imaginez bien!), écologique car rechargeable à l’envi. 

 

« Voir et peindre sont deux. » Nous disait George Sand. « Tout ce que l’artiste peut espérer de mieux, c’est d’inviter ceux qui ont des yeux à regarder aussi. » 

 

Noël Chemin est un montreur. Un montreur de la vie. Qui vous invite «à regarder et à penser plus loin que vos yeux.»


A propos de NOËL



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